Tribune de notre co-président, Thomas Fouquet-Lapar, pour AlterMondes
Puisque les gays, les lesbiennes, les bis et les trans existent finalement dans nos pays, puisqu’ils ont droit à des droits, ils sont aussi devenus – eh oui ! – un axe de la stratégie Droits humains des diplomaties. Certains pays, comme les Pays-Bas ou la Suède, en ont même fait une priorité de leur politique étrangère. On parle donc désormais « droits de l’Homme » quand on évoque les persécutions subies par les homos en Iran, en Ouganda ou en Jamaïque. Les violences vécues dans ces pays par les homos, les bis ou les trans, sont sans communes mesures avec l’homophobie ou la transphobie vécus chez nous et il serait indécent de faire des parallèles. Pour autant, ne devrait-on pas parler aussi « droits de l’Homme » quand on évoque ce que vivent certaines minorités dans nos pays, qu’il s’agisse des LGBT ou d’autres ?
C’est bien chez nous, en Europe, que les personnes transgenres vivent, pour la plupart, toute leur vie durant dans la précarité parce qu’elles sont systématiquement victimes de discrimination dans leur recherche d’un emploi digne, ce qui ne soucie guère nos élites politiques. C’est aussi chez nous que la loi leur fait subir l’immense violence de ne pouvoir avoir des papiers qui collent avec leur identité de genre. Ne s’agit-il pas là d’une violence étatique envers une minorité ? Par ailleurs, quand la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) enjoint un État, comme elle l’avait fair pour la France, à respecter le droit fondamental à fonder une famille, elle dit bien, en ceux qu’il y a dans ce pays du non respect des droits humains. Fonder une famille, faire des projets de couple, c’est aussi un droit fondamental. À cet égard, que dire de l’Italie, où les couples de même sexe n’ont encore aucune existence face à la loi ! Enfin, c’est en Europe que l’homosexualité est toujours la première cause de suicide chez les jeunes ! Ce fait social dit beaucoup de ce que vivent les LGBTI dans nos pays. Le droit n’est donc pas tout… Il faut agir en profondeur pour que les mentalités évoluent, et qu’un enfant ne s’interdise pas de penser qu’il peut avoir une amoureuse ou un amoureux.
Ces trente dernières années, les choses ont beaucoup progressé en Occident. Il serait irresponsable de prétendre le contraire. Est-ce pour autant la fin de l’histoire pour les homos et les trans de ces pays ? On peut en douter. Agir pour le respect des droits de l’Homme, les gouvernements doivent le faire… mais partout, sur tous les territoires. Et sans circonscrire cette approche « droits humains » à la seule question du droit à la vie ou à la santé.
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